L’empereur romain Claude, gras et claudicant, entouré d’affranchis, a mauvaise réputation. Et son épouse Messaline, la « pute impériale », n’ajoute rien à sa gloire. Damien Aubel (Possessions, NB octobre 2017) revisite cependant le personnage, dans une prose poétique dans sa forme, dense dans sa réflexion : Claude, par ailleurs érudit et philosophe, n’aurait-il pas été un dévot mystique de Vénus, brûlant de consommer avec elle des noces divines ? Et tandis que Messaline et Narcisse éliminent les gêneurs qui entravent leur soif de pouvoir, de richesses et de stupre, il interprète leurs agissements à cette grille. Se prête au mariage de Messaline-Vénus avec son amant… Acquiesce aux exécutions sommaires, qu’il voit sacrificielles… S’offre aux clients d’un bordel… S’imagine comme esclave de la déesse entre les mains de Narcisse et de Messaline. Ce faisant, Rome, ses palais, ses jardins, ses rues sordides, se dessinent aux yeux du lecteur pantelant en un prodigieux tableau tragique, traversé par les fils de destins promis aux ciseaux des Parques. (M.W. et A.K.)
Vénus s’en va
AUBEL Damien