Vera

ORBAN Jean-Pierre

1930, Exmouth Market, quartier italien de Londres. Vera, Ă  peine adolescente, enrĂŽlĂ©e dans un mouvement fasciste, s’exalte pour Mussolini, pour l’idĂ©ologie qu’il reprĂ©sente et se voit dĂ©jĂ  en princesse de l’Histoire. Elle a honte de ses parents modestes, Ă©migrĂ©s de Trieste qui parlent encore patois : Augusto, son pĂšre, docker, « le benĂȘt », le « clown triste », et sa mĂšre, petite Ă©piciĂšre trapue, « plantĂ©e sur ses poteaux ». La seconde guerre mondiale provoque un drame familial dont Vera se sent responsable. Dans le dĂ©sordre gĂ©nĂ©ral qui s’ensuit, elle a beaucoup de mal Ă  se reconstruire. Ce premier roman de Jean-Pierre Orban – journaliste, auteur de thĂ©Ăątre – a l’hĂ©roĂŻne pour narratrice. Celle-ci mĂȘle Ă  son texte des expressions, des chansons ou des poĂšmes italiens, simultanĂ©ment traduits : une façon originale d’affirmer son amour pour sa langue natale et de dĂ©crire sa difficultĂ© Ă  se situer dans cette pĂ©riode troublĂ©e. Elle manifeste sa colĂšre, son dĂ©sarroi, par une avalanche de mots qui dĂ©versent ses regrets, sa culpabilitĂ©, sa rĂ©volte : sentiments qui se reflĂštent dans sa vie dĂ©sordonnĂ©e avant l’apaisement final dans l’écriture. Un ouvrage qui peut dĂ©concerter par sa forme, mais n’en est pas moins trĂšs rĂ©ussi.