Dans le Dublin des années quatre-vingt, Sonny, seize ans, est le benjamin d’une nombreuse fratrie qui lui est indifférente. Incapable de suivre sa scolarité, il va de menus larcins en petits boulots, chez un boucher notamment. Il fréquente une insolente coquine, voudrait fuir une famille pauvre et désunie et s’évade, de façon surprenante, dans les livres. Il rencontre Vera, une Anglaise belle et mystérieuse qui pourrait être sa mère ; il est subjugué par le monde qu’elle lui ouvre. Elle parle peu mais sait écouter. Une étrange relation se noue. D’origine irlandaise, vivant aux États-Unis, Karl Geary relate dans ce premier roman, âpre et brutal, la rencontre de deux solitudes que tout oppose : l’âge, le milieu social, l’éducation et l’humeur dépressive dans laquelle est enfermée la belle Anglaise. Le langage parfois très cru met en valeur la tendresse et la grâce qui, très vite, se dégagent de leur relation et de l’intensité des émois adolescents. L’emploi de la deuxième personne scande la cadence d’une succession de scènes chocs, servies par une écriture précise et forte et le talent de scénariste de l’auteur, également acteur (Sex and the city), mais subsiste, tout au long du roman, un halo de mystère. (S.La. et A.Be.)
Vera
GEARY Karl