Espérant partager un moment littéraire inoubliable et brillant, un jeune couple invite la romancière Grace Cleave pour un week-end dans leur maison du nord de l’Angleterre. Néo-zélandaise au talent reconnu, Grace accepte cette invitation à contre-coeur car elle se sent agressée par ce qu’elle considère comme une intrusion dans « son lieu privé ». Elle ne rompt son mutisme que par quelques onomatopées déconcertantes. Ses hôtes savent-ils seulement qui elle est vraiment ? Cigogne, hirondelle, rossignol, bergeronnette ?… Ce qui est sûr, c’est qu’elle est un oiseau migrateur.
Née en 1924, Janet Frame, diagnostiquée schizophrène, a connu l’internement psychiatrique. Un prix littéraire lui a évité la lobotomie. Quittant la Nouvelle-Zélande, elle reste exilée de longues années. Remarquablement traduit, ce roman autobiographique, écrit en 1963, restitue la vision extra-sensorielle que l’auteur porte sur elle-même et sur le monde. « Son monde intérieur » est peuplé des images de son pays, foisonnant, solaire, regretté et haï à la fois. L’épreuve humiliante, anxiogène, de la communication lui est insupportable. Seule la création artistique l’aide à repousser les forces destructrices d’une société conformiste qui l’a rejetée. De magnifiques métaphores servent une écriture splendide. Ce roman, témoignage poétique teinté d’auto-dérision, est bouleversant.