En 1970, Mickey Wolfmann, richissime affairiste lié à la mafia et à des organisations racistes, est enlevé à Los Angeles. L’inspecteur « Bigfoot » Bjornsen, aux relations douteuses, est chargé de l’enquête. Parallèlement, « Doc », grand fumeur de joints, détective privé avec un passé judiciaire, est également officieusement sollicité. Il s’implique d’autant plus que son « ex », Shasta, disparaît également. Vieilles connaissances, « Bigfoot » et « Doc » se détestent cordialement. Leurs recherches vont les amener, chacun pour son compte, à s’intéresser à toute une faune de camés et de barjos.
Ce récit divaguant qui met en scène de nombreux personnages, Thomas Pynchon l’aborde comme un polar. Mais il s’agit plutôt, au temps de Nixon président des États-Unis et de Reagan gouverneur de Californie, d’une fresque des milieux troubles de Los Angeles. Là, planent encore les ombres de Sharon Tate, de Charles Manson et de vétérans du Viêtnam. Sur un fond de surf, d’alcool et de rock’n’roll lancinant, l’omniprésence de la drogue frise l’overdose. Les abondants dialogues sont vifs et pleins de gouaille. Après le jubilatoire Contre-jour (NB octobre 2008), cette oeuvre, où fiction et réalité sociopolitique s’entrelacent dans un délire sans fin, reflète un brio certain.