Le dernier des quatre frères de Jésus, fils de Marie et de Joseph, mène une vie de pauvre, avec, en filigrane, le destin fulgurant de l’aîné. Jude l’aperçoit sur la croix, mais ne le verra pas ressuscité. Plus tard, se construisent les communautés qui gagnent l’espace romain, avec ce trublion de Paul. À Jérusalem, le deuxième frère, Jacques, prolonge le message. Devenu vieux, Jude attend le retour de l’Élu dans les ruines de la ville. L’idée habile d’un manuscrit « authentique », écrit à la première personne, est renforcée par l’abondance de notes, pastiches malicieux parfois, références aux Évangiles, épîtres, textes apocryphes. L’auteur (Les dames de Rome, NB avril 2012) s’est longuement documentée, qu’il s’agisse de décrire la Sainte Famille, la personnalité fidèle et modeste de Jude, la Palestine du Ier siècle ou les premiers temps chaotiques de l’Église… Une intéressante postface justifie ses choix et complète ses sources. Mais qu’il est difficile de travailler sur pareil sujet ! Jésus a-t-il eu de vrais frères ? Histoire, roman, foi ? Le débat ne sera pas tranché ! Dans un style qui rappelle les Écritures, érudit et parfois très ardu, ce roman, au rythme lent, peut faire réfléchir. (E.B. et M.Bo.)
Vie de Jude, frère de Jésus
CHANDERNAGOR Françoise