Vies déposées

Ernst et Jul font la manche pour de l’alcool, avec la Rom Ilmiya qui se prostitue pour du crack : des quadragénaires usés par leurs drogues, la malbouffe, la saleté, les intempéries… Survivre exige de trouver un endroit propice d’où d’autres SDF ne les délogent pas, pour mendier et dormir un peu à l’abri. Ernst tombe sur une petite annonce promettant une récompense à qui retrouvera une chienne. Cela permettrait de réaliser leurs rêves imprécis. Mais quand le trio trouve la bête par hasard, rien ne se passe comme prévu…  Le premier roman de Tom-Louis Teboul est vu à travers le regard désabusé et halluciné de SDF errant de septembre à mai dans Paris. Leur seul trésor est l’amitié qui les lie, leur permet de faire face à l’hostilité des autres clochards, à l’indifférence des Parisiens et de vivre au jour le jour. Brièvement, l’auteur esquisse le passé des trois personnages qui ont « déposé » leur vie dans la rue, oscillant entre désespoir et chimères, passivité et agressivité, capables de toutes les vilénies et pourtant touchants. Malgré quelques moments cocasses, la langue crue dévoile la misère physique et morale. Un livre très sombre, plein d’empathie pour les marginaux. (L.G. et B.T.)