Toute façade est une déclaration. Celle-là, lugubre, plate et quasi pénitentiaire, appartient à une villa isolée, balnéaire mais comme hostile à la mer, animée du seul fracas des vagues. C’est pourtant ici qu’un couple cinquantenaire choisit de s’installer. Dès lors, l’étrangeté mortifère des lieux inhibent et corrodent leur vie, les fait lentement étrangers l’un à l’autre. Ils n’habitent pas la maison, ils sont squattés par elle.
La construction du récit de Sébastien Brebel contribue à l’impression grandissante de cloisonnement. La femme adresse un courrier pléthorique, quasi récitatif à leur fils embourbé dans une thèse sur Foucault. Il reste sans réponse. Mais le fils rumine inlassablement des considérations cliniques, neutres et distanciées sur ses parents. Le ton est pointilleusement détaillé, répétitif et les idées véhiculées comme rongées obsessionnellement jusqu’à l’os. La névrose monte inexorablement. Les rares ersatz de tendresse appartiennent au souvenir. Oppressé jusqu’au malaise, le lecteur salue la justesse du climat dépressiogène, mais cherche à fuir tant d’enfermement…