Fin des années 70, San Francisco et sa faune nocturne de Polk Street. Minnie a quinze ans. Ballotée de lycée en lycée au fil d’une dégringolade scolaire dont elle se moque, elle confie à son journal intime ses émois et interrogations d’adolescente, découvre sa sexualité dans les bras de l’amant de sa mère, boit, fume et rêve, au gré de ses rencontres, de devenir barmaid ou dessinatrice.
Une année dans la vie chaotique d’une jeune fille ! Tout le contraire d’un roman girly moralisateur ou délibérément provocateur, un récit qui dérange, agace parfois et finalement émeut. L’héroïne explore son coeur et son corps, sans tabou, sans interdit, dans une espèce d’innocence ; elle se brûle, elle se cogne, entre enfance et âge adulte, dans l’incertitude d’elle-même et le désir d’être aimée. Un beau portrait déconcertant, sur fond d’underground, dessiné sans manichéisme. La narration originale, crue ou intimiste, combine BD, dessin et écrit (lettres ou journal) comme pour explorer tous les possibles. Il faut dépasser l’ennui initial que peut engendrer le côté répétitif du texte pour être sensible à sa force et sa vérité. (C. B. et M.D.)