À Vladivostok, un trio d’acrobates s’entraîne à la barre russe. Anton et Nino tiennent la barre ; juchée dessus, Anna exécute des sauts périlleux. Nathalie est chargée de créer les costumes pour leur prochaine prestation. Elle partage pendant plusieurs semaines l’intimité des artistes, dans l’enceinte d’un cirque désaffecté, un endroit froid et inconfortable. Se greffe à ce groupe le chorégraphe Léon. Tous préparent la participation du trio à un festival international.
Étrange livre que ce roman d’atmosphère, dépaysant par le lieu (le fin fond de la Russie), le monde professionnel marginal (le cirque), le climat, les usages. La narratrice raconte au présent une tranche de vie passée. Ses observations créent une atmosphère lourde où le risque est partout, la mort rôde. Le numéro d’Anna, très dangereux, repose sur la confiance qu’elle a dans ses porteurs, qui ne peuvent faillir. Un accident a eu lieu dans le passé, nul ne peut dire s’il ne se reproduira pas. À la manière des fauves les protagonistes s’observent, s’approchent, se reniflent, se griffent. À travers les non dits, on tente de deviner les sentiments des personnages. D’une écriture tout en suggestions et en tension, l’auteure nous immerge dans les coulisses de ce cirque où chacun doit coûte que coûte tenir le rôle qui lui est assigné. (F.E. et A.M.D.)