Voie de garage

ADRIANSEN Sophie, NEBBACHE Arnaud

DĂšs son enfance, Paulin est passionnĂ© par les trolleys qui sillonnent les rues de sa ville. A l’adolescence, il commence Ă  construire ses propres trolleys faits de bric et de broc Ă  partir de vieux caddies et de tout ce qui lui tombe sous la main, et emmĂšne enfants et passants dans son univers de jeu. Adulte, il ne se dĂ©partit pas de cette passion et est connu de toute la ville qui le regarde d’un Ɠil bienveillant. Mais un jour, une lettre anonyme rĂ©clame son internement pour trouble Ă  l’ordre public. Commence alors une bataille judiciaire et de communication pour la libĂ©ration de Paulin.

Ce rĂ©cit est basĂ© sur l’histoire vraie de Martial Richoz, surnommĂ© « l’homme bus » dans le Lausanne des annĂ©es 1980, internĂ© Ă  25 ans en hĂŽpital psychiatrique. Son adaptation en BD interroge sur la frontiĂšre nĂ©cessairement floue entre pathologie et « normalitĂ© ». Un paradoxe soutient cette question : alors que Paulin est internĂ© en institution psychiatrique, ses trolleys bricolĂ©s sont intĂ©grĂ©s dans les collections du musĂ©e d’art brut local.

Par petites touches, les auteurs amĂšnent le lecteur Ă  rĂ©flĂ©chir sur de nombreux sujets : l’équilibre entre libertĂ© et conformitĂ© sociale, la bienveillance vis-Ă -vis de la diffĂ©rence
 C’est Ă©galement l’institution mĂ©dicale qui est questionnĂ©e. Les auteurs mettent dans la bouche de l’avocat de Paulin cette question redoutable : est-ce que « la santĂ© mentale d’un individu est liĂ©e Ă  sa capacitĂ© de soumission ? ».

Cette BD constituant un Ă©loge Ă  la libertĂ© fait partie des ouvrages utiles amenant le lecteur Ă  poser un regard lucide et bienveillant sur ce qu’on peut ĂȘtre tentĂ© d’appeler folie ou maladies mentales.

(XB)