Volt

À Krafton, au milieu des champs de maïs et de l’immensité américaine, la vie est simple, fruste, soumise aux forces démesurées de la nature. La petite communauté des villageois, rassemblée sous la houlette du pasteur, est nourrie de la parole biblique. Pourtant le désespoir, la souffrance, la dureté mauvaise imprègnent bien des coeurs, la brutalité bien des gestes. Et le shérif élu, une femme généreuse « gardienne de paix », doit souvent faire face aux délinquants et aux meurtriers. La guerre offre à de jeunes engagés ses horizons dévastés ou une mort lointaine, la fuite projette certains dans un environnement hostile… Par la force du récit et du style, le village et ses habitants, à la fois réalistes et hors du temps, prennent une dimension symbolique, créant un espace exemplaire où s’interpénètrent culpabilité et rédemption, lois divines et agissements humains. Les deux premières nouvelles sont particulièrement abouties. Les six suivantes sont moins convaincantes, entravées par une chronologie maladroite, des détails ou un vocabulaire déroutants. Partout, la compassion ou l’amour éclairent furtivement la tristesse du texte, les destins tragiques ou misérables. Ce premier recueil de nouvelles s’inscrit, par sa puissance, d’emblée dans la grande tradition américaine.