Vorrh

CATLING Brian

Il Ă©tait une fois une gigantesque forĂȘt africaine, la Vorrh, dĂ©vorant ou transformant en zombies ceux qui tentent d’y sĂ©journer. Un train la traverse, non loin d’Essenwald, ville allemande transportĂ©e ici avec ses Ă©difices et son climat. Dans un hĂŽtel particulier, peuplĂ© de robots humanoĂŻdes, grandit IsmaĂ«l, le Cyclope Ă  la virilitĂ© exceptionnelle ; puis surgit Ghertrude, pour l’épanouissement du jeune homme et une fameuse nuit de carnaval achĂšve son Ă©mancipation. L’écrivain Raymond Roussel, prisĂ© des surrĂ©alistes, traverse aussi le livre et la forĂȘt; il en tire Impressions d’Afrique. QuantitĂ© d’autres hĂ©ros gravitent autour du thĂšme
  Ces destins si divers se dĂ©couvrent par Ă©tapes, pendant la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle ; tous ramĂšnent Ă  la forĂȘt, son monde onirique, ses haines atroces, ses lĂ©gendes immĂ©moriales. Amours voluptueuses, fantĂŽmes dĂ©rangeants, objets chargĂ©s de puissance tel l’arc magique, s’associent aux monstres de la forĂȘt, Ă  quelques franches crapules et Ă  de rares crĂ©atures cĂ©lestes. L’auteur est poĂšte, son style visionnaire est magnifique quoique sybillin ; il pratique le rĂ©alisme fantastique, prend les images au pied de la lettre, fait de l’invraisemblable le moteur d’une action qui rebondit sans cesse. On peut ĂȘtre rebutĂ© ou captivĂ© par cet Ă©trange art poĂ©tique luxuriant et onirique. (E.B. et B.Bo.)