Rue Monsieur-le-Prince, une plaque commémorative l’intrigue. « Ici est tombé sous les balles allemandes, Jean Kopitovitch, patriote yougoslave, le 11 mars 1943 ». Il se lance sur la piste de cet étranger, consulte de nombreuses archives, enquête à Paris, partout où ce dernier a séjourné, pour finalement retrouver au Monténégro les rares descendants de sa famille. Si le portrait de l’inconnu se dessine progressivement, le mystère de la fusillade tarde à s’éclaircir. L’homme a-t-il fomenté un attentat, cherché la mort après une vie d’errance ou se trouvait-il au mauvais endroit au mauvais moment ?
François-Guillaume Lorrain est journaliste et écrivain spécialiste d’enquêtes historiques (Les grandes décisions de l’Histoire de France, NB décembre 2018). Au centre du récit s’esquisse un personnage énigmatique, un réfugié des Balkans, solitaire, soucieux de s’intégrer grâce à des études et un travail stable en France dans une compagnie d’assurances ; ces informations déroutantes contredisent l’image héroïque du résistant commémorée par la plaque. Le propos de l’auteur qui s’acharne à ressusciter l’une des innombrables victimes de la guerre, soixante-quinze ans après sa disparition, est émouvant. Et intéressante la façon dont son sujet l’amène à s’interroger sur lui-même. Cependant, les nombreuses démarches transcrites en détail entraînent des longueurs parfois pesantes. (L.G. et A.K.)