C’est la rentrée : Melinda a 14 ans et raconte, au fil des jours, sa première année de lycée, les profs, les copains, la maison. Du très banal en somme dans la vie d’une adolescente… Alors pourquoi s’enferme-t-elle si souvent dans un mutisme vite perçu comme agressif, pourquoi lasse-t-elle toute velléité amicale, pourquoi cette élève intelligente piétine-t-elle aussi sa réussite scolaire ?
On le devine assez vite car ce n’est pas l’essentiel du roman : le « çà » dont elle ne parle pas, la blessure inaugurale par laquelle elle est entrée dans l’univers du lycée, l’été précédent, c’est une fête qui a mal tourné et qu’elle a fait capoter en appelant la police avant de s’enfuir ; elle a été violée par un élève de Terminale. Dans ce monde des 15-20 ans, égoïste et conformiste, l’indifférence bat cruellement la mesure. La romancière y peint avec une empathie communicative l’itinéraire haché de la reconstruction de son héroïne. En dépit de facilités dans l’élaboration du dénouement, on ne peut qu’adhérer au propos énergique sous-jacent : l’ « histoire » ne se répète pas. Roman d’apprentissage et roman militant.