Wasabi

PAULS Alan

Pour quelque temps à Saint-Nazaire avec son épouse, un jeune écrivain argentin voit son corps et sa santé se modifier de bien curieuse façon : un kyste dans le dos soigné à l’homéopathie prend, sous l’action d’une crème, un étrange faciès. De plus, il est victime d’apnée ; oui, c’est ainsi qu’on pourrait définir ces courts-circuits de sept minutes qui ne sont pas des rêves, qui lui arrivent d’une façon inopinée et dont il résulte une bien inquiétante perte de temps à un moment crucial de sa vie, l’édition de son livre en français.  Mais qu’importe l’histoire, pour baroque qu’elle soit, tout est dans le style de ce petit livre, terriblement séduisant, où l’on retrouve les thèmes chers à Alan Pauls (Le Passé, NB octobre 2005), cette façon de s’enrouler dans la phrase, de la rendre légère et interminable, d’en ciseler les contours, de suggérer l’émotion à partir de l’improbable. Et que dire de cet art de nous maintenir dans une sorte de lévitation ? Voilà de la littérature comme on a si rarement la chance d’en lire ! (Voir également dans ce numéro p.1671).