1970, Huntsville, Mississipi. Un tintamarre d’énorme moulin à café déglingué met à leurs fenêtres les gens de la grand-rue. Il s’échappe d’une Mustang piteuse. Ray Parker en descend. Il cherche un garage, y reçoit un accueil cauteleux, décide de rester un peu dans la ville. Il se lie avec Norma, la serveuse du bar, trouve des petits jobs, le dernier dans la propriété Akermann. Mais une curiosité suspicieuse enveloppe l’étranger, si classe, venu du Nord. Qui est-il ? Comme dans son premier roman, Lionel Salaun (La Terre des Wilson, NB mai 2016) choisit pour décor le Mississipi. Une rivière bistre coule des méandres lourds de vase fétide dans des terres alluvionnaires piquées de maïs, le soleil est de plomb, la touffeur poisseuse, le vacarme de l’orage en embuscade. Il y a une puissance scénique évocatrice scrupuleuse dans ce récit. Le lecteur voit, entend, sent, ressent. Une ambiance de vieux Sud arc-bouté sur ses clivages raciaux tragiques… Malgré la lenteur descriptive parfois complaisante de la première partie, il est embarqué dans la tension bien construite de cette dramaturgie identitaire, et peut en goûter la tendresse sans pathos, comme laconique. (C.R.P. et S.D.)
Whitesand
SALAÜN Lionel