Wilderness

WELLER Lance

Trente ans qu’Abel a reçu une balle nordiste, en 1864, à la ravageuse bataille de Wilderness. Il a survécu, mais son bras est resté inerte. Pêcheur, cueilleur, chasseur, il habite une cabane de planches avec un chien qu’il aime d’une affection rugueuse. Ému, ébloui par la beauté changeante du proche Pacifique et des Olympics Mountains, il est hanté, prisonnier de son passé tragique. Mais un jour, saisissant son fusil et son havresac, il palpe le crucifix d’os sur sa poitrine, enfonce son large chapeau jusqu’au bord des paupières et part. Vers ses fantômes ? sa rédemption ? sa mort ?… Narrative ou descriptive, la phrase de Lance Weller est sculptée de façon précise, inventive, somptueuse. Sa puissance évocatrice résonne de façon singulièrement vivante d’un souffle quasi épique. La sanglante Civil Waravec ses paradoxes n’est pas un des moindres personnages de cette geste de l’Amérique dans laquelle la fiction frôle et récite l’histoire. Abel, attachant de complexité, évolue dans un monde hostile aéré par le surgissement inattendu de figures de tendresse. Les allers et retours à trente années de distance, la multiplicité des lieux et des noms exigent une attention soutenue. Mais ce beau premier roman est magnifiquement abouti.