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C’est un spectacle effroyable que découvrent les habitants de San Giuda, petit village du nord de l’Italie, perdu au milieu des montagnes et de la forêt. Déjà recouverts par la neige, ce sont des corps mutilés, ensanglantés. Les morts atroces et toutes différentes sont rationnellement incompréhensibles. Qui a pu commettre un tel carnage ? Pourquoi là ? Questions insolubles et terrifiantes que se posent, comme beaucoup d’autres, le curé et une jeune psychiatre, constitués en cellule de crise auto-improvisée : manifestation (le mot engeance n’était pas approprié) satanique… ou divine ? Dans un style qui campe admirablement le contexte, le roman de Sandro Veronesi (Terrain vague, NB mai 2010) débute comme un thriller où interviennent justice, police et bientôt secrets d’État, il se poursuit en décrivant les progrès dévastateurs du Mal et, psychanalyse aidant, propose une réflexion philosophique. Le cheminement intime des deux héros principaux alterne les dialogues semi-mutiques et les ruminations intérieures, paroles murmurées ou criées, silences voulus ou imposés. Il rend compte avec humanité, tendresse et compassion de cette quête existentielle avec assez de blancs et de mystères pour laisser le lecteur libre d’en choisir le sens.