Au décès de sa mère répudiée par son père, riche et orgueilleux boucher d’Aboukir, Zabor vient habiter la maison du haut du village. La haine de la nouvelle femme de son père l’en chasse et l’exile avec sa tante, célibataire aimante, et son grand-père sénile, dans la maison du bas. Il apprend vite à lire et écrire. Grâce à de vieux livres oubliés, il découvre seul la langue française, et sa propre vocation. En noircissant des cahiers cachés, il conte des histoires aux moribonds pour éloigner la mort. Jusqu’à ce que son père agonise… Kamel Daoud, écrivain et journaliste algérien, écrit en français. Ce deuxième roman après Meursault, contre-enquête (NB juillet-août 2014) est un hymne au pouvoir salvateur de la lecture et de l’écriture. L’arabe parlé est sommaire. L’arabe écrit du Coran est corseté. Le français riche et sans tabous que le narrateur-auteur manie de manière magistrale libère son imagination, lui fait découvrir le corps caché et permet d’appréhender la complexité du monde. Peut-on repousser l’échéance et l’angoisse de la mort avec des mots, pour se réapproprier son destin ? Un roman intense, vibrant, âpre aussi, avec des longueurs, porté par une écriture à la fois charnelle et métaphysique, inspirée. (L.G. et A.Le.)
Zabor ou Les psaumes
DAOUD Kamel