Zébu Boy

CHAMPAGNE Aurélie

Madagascar, mars 1947. Ambila, alias Zébu Boy, marchande l’achat d’un lot de dents. Sur l’île rouge, ces amulettes, garanties par la notoriété de l’ombiasy qui les vend, lui rapporteront gros… Ambila revient de loin : il est allé combattre sur la Meuse pour défendre la Grande France. Que reste-t-il du jeune Zébu Boy en qui son père mettait tant d’espérances ?  On connaît mal l’insurrection malgache contre la métropole dans ces années où l’espoir d’une reconnaissance sinon de l’accession à l’indépendance a vite tourné au massacre. Ambila symbolise à lui tout seul ce gâchis humain. Il a une autre dimension : intrinsèquement, c’est un guerrier loyal et courageux que ce soit dans l’arène où il affrontait les zébus ou dans l’insurrection de l’île où il est embarqué sans réel engagement idéologique, un guerrier déchu dans le tragique embrasement du monde, un survivant. C’est enfin, psychologiquement, le fruit d’un métissage culturel issu du colonialisme : il croit et ne croit pas aux pratiques magiques dont il fait commerce. La langue d’Aurélie Champagne, pittoresque et poétique, sert ce « portrait d’une île » particulière et archétypique. (C.B. et M.D.)