Zero K

DELILLO Don

Ross, milliardaire américain, la soixantaine avancée, a investi dans l’ambitieux projet Zéro K : un établissement où les candidats à l’euthanasie se font doucement endormir puis cryogéniser afin de revivre lorsque les progrès scientifiques le permettront. Il convoque son fils adulte, Jeff, né de son premier mariage, pour assister au « départ » de sa seconde épouse atteinte d’un mal incurable. Le complexe médicalisé, ultra-moderne, situé dans une zone désertique du Kirghizistan est mystérieux et quasi surnaturel : un labyrinthe de couloirs, des portes sans poignées, des écrans où sont projetés des cataclysmes…  

On retrouve la puissance évocatrice de l’écriture maîtrisée de Don Delillo (L’ange Esmeralda, NB avril 2013). Il assemble des tranches de vie de ses deux personnages principaux, le père et le fils, et insiste sur leur difficile rapprochement. Pour illustrer sa réflexion philosophique sur la vie et la mort, il crée un décor onirique et oppressant : apparition de mannequins, de créatures évanescentes, et scènes de catastrophes filmées. Les dialogues sont faits de phrases courtes et sèches qui ajoutent à l’atmosphère tragique et délétère du livre. Un roman puissant, angoissant par moments, qui n’est pas un plaisir de lecture, mais ne peut laisser indifférent. (E.L. et D.C.)