La belle Aémer, qu’elle soit archéologue dans les marais irakiens contemporains, grande prêtresse de Babylone ou prostituée de l’ancienne Ur, affronte des destinées tragiques et souvent identiques au cours des millénaires. La riche Mésopotamie, terre du Tigre et de l’Euphrate, a de tout temps été le berceau de civilisations dynamiques et cultivées. Les vies d’Aémer montrent l’évolution de la figuration et de l’usage des nombres et des signes… jusqu’à l’apparition du « zéro », simultanément “place vide” et “quantité nulle”…
Mathématicien et romancier, Denis Guedj tente depuis une dizaine d’années d’accroître la cote des mathématiques (Cf. Le Théorème du perroquet, N.B. nov. 1998). Ses personnages, volontaires et tragiques, ne pourront laisser insensible, et les problématiques de l’amour et de la connaissance sont ici adroitement imbriquées. Cet intéressant cheminement vers la découverte d’une écriture sachant “traiter l’absence” (calculi inscrits au calame sur la surface d’une boule, tablettes d’argile, colonnes vides…) regorge, comme ses ouvrages précédents, de digressions érudites.