Dans le train de Paris Ă Rome, oĂč il va livrer des documents au Vatican, le narrateur â un agent de renseignements français â dĂ©verse en une logorrhĂ©e obsessionnelle et dĂ©lirante, aggravĂ©e par lâabsence de points dĂ©limitant les phrases, les ignominies collectives ou individuelles qu’il a vĂ©cues pendant la guerre serbo-croate, les atrocitĂ©s qu’il a traquĂ©es et les conflits qui ont enflammĂ© le bassin mĂ©diterranĂ©en. Son regard morbide sur sa vie et sur le monde, amplifiĂ© par les excĂšs dâalcool et de drogue, est systĂ©matiquement aiguillĂ© vers ce qui touche Ă lâabjection dans lâHistoire, la littĂ©rature, lâart et le religieux. EnfoncĂ© dans la dĂ©pression, la culpabilitĂ© et lâautodestruction, ce triste passeur de la « Zone », des « Enfers », se dĂ©tache, Ă©pouvantĂ©, des vivants et des sains dâesprit. Lâauteur, fascinĂ© par les pulsions mortifĂšres, fait Ă©talage dâune Ă©rudition historique malsaine.
Zone
ENARD Mathias