Abdelkader Djemaï évoque les oeuvres réalisées par Matisse au cours de deux séjours à Tanger en 1912, notamment le portrait de Zorah. Quoique prostituée, elle avait initialement refusé de poser. De nombreuses descriptions de tableaux alternent avec les pérégrinations du peintre, dont le personnage rappelle à l’auteur la figure de son grand-père, dépeint longuement, faisant surgir des souvenirs de sa propre enfance oranaise. Matisse aurait particulièrement bien su rendre la luminosité et l’atmosphère marocaine. Sous forme d’une longue lettre à Matisse, ce récit est un peu décousu (les liens entre détails familiaux, autobiographiques et oeuvres du peintre sont ténus), alourdi par des relents d’anticolonialisme. Il ne manque pas de charme pourtant. En un style sobre, poétique parfois répétitif, le romancier de Un moment d’oubli (NB juin 2009) rend un hommage personnel à la sérénité de l’artiste, son empathie pour les gens et les lieux.
Zorah sur la terrasse
DJEMAÏ Abdelkader