Zugzwang

BRAMI Émile

Fils unique d’Élie et Maud, Raphaël est dépressif et suicidaire. Il accepte cependant un pis-aller : la clinique psychiatrique. Traumatisé, Élie revisite son passé pour comprendre ses erreurs et sortir de l’impasse. Juif tunisien, enfant brillant mais peu sérieux, il a déçu son père qui l’a rejeté et exilé. Cette blessure nourrit une angoisse profonde et une violence latente. Pourtant Élie s’est construit une vie apparemment heureuse en région parisienne. Employé dans une librairie qu’il a rachetée, auteur de quelques livres, il aime toujours sa femme, physicienne issue de la bonne bourgeoisie, et adore le fils qu’il n’attendait plus… Émile Brami (Emile l’Africain, NB novembre 2008) puise l’inspiration littéraire dans sa propre vie et ses nombreuses lectures. Ici, le récit écrit à la deuxième personne met une certaine distance entre le narrateur et le moi qu’il analyse. Avec quelque artifice, ce roman sombre compare la vie à une partie d’échecs. Lorsqu’on est en position de Zugzwang, la meilleure solution serait de ne pas jouer, tous les coups possibles entraînant une catastrophe. On peut mentalement et douloureusement refaire la partie en remontant le temps, mais on est obligé de jouer et de causer sa propre perte.